Martin CORIGAN

Le Serpent sur France 2 : immersion au cœur du true crime international

juillet 23, 2025

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Un phénomène télévisuel : histoire vraie et dates clés de diffusion

La mini-série Le Serpent s’impose en 2025 comme l’un des événements majeurs de la saison sur France 2. Adaptée de faits réels glaçants, elle retrace l’itinéraire criminel de Charles Sobhraj, surnommé « Le Serpent », figure trouble du crime international, qualifié de criminel international et de tueur en série par la presse et les spécialistes. Grâce à une reconstitution minutieuse, la fiction transporte le spectateur dans l’univers des années 1970, le long du mythique Hippie Trail reliant Bangkok, Katmandou et New Delhi, théâtre des agissements du tueur, mais surtout point de rencontre inattendu de nombreux backpackers – ces routards venus de tous horizons, dont plusieurs tomberont dans ses filets.

Le lancement officiel sur France 2 arrive le 21 juillet 2025, faisant suite au vif succès rencontré sur BBC One et Netflix. À noter : la série, coproduite par BBC et Netflix lors de sa première diffusion internationale en 2021, avait déjà reçu une nomination majeure au moment de son lancement et posé de nouveaux jalons dans le genre true crime. L’enquête met en lumière le combat acharné d’un diplomate néerlandais, Herman Knippenberg, déterminé à faire tomber l’énigmatique Sobhraj. Interprété avec une intensité saluée par la critique, Tahar Rahim incarne le tueur avec un réalisme troublant, explorant les coulisses du true crime dans une narration qui évolue sans cesse entre thriller haletant et documentaire implacable – une alchimie rarement aussi bien dosée sur le petit écran.

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Retrouvez les horaires précis de diffusion et les liens de replay sur le site officiel de France 2. Côté streaming, la mini-série reste accessible sur France 2, Netflix et BBC One, pour tous ceux qui veulent démêler le vrai du romancé.

Charles Sobhraj, portrait d’un criminel hors-norme et genèse des faits réels

Figure ambivalente, à la fois captivante et effrayante, Charles Sobhraj s’est illustré par une série de crimes qui ont bouleversé l’Asie du Sud-Est dans les années 1970. Usurpateur d’identités redouté, manipulateur hors pair et séducteur impénétrable, Sobhraj a ciblé des jeunes voyageurs occidentaux sur l’axe *Hippie Trail* – majoritairement des backpackers souvent en quête de sens et d’expériences hors normes. Usant de passeports dérobés, de poison et d’une manipulation psychologique avancée, il parvenait à se fondre dans la foule, inspirant confiance avant de commettre l’irréparable.**

Les actes criminels, méthodiquement documentés par la justice et relatés par la presse internationale, dévoilent un engrenage redoutable : séduction, escroquerie, vol, empoisonnement, et fuite perpétuelle. On se souvient d’affaires sordides sur le Hippie Trail, où l’apparence amicale de Sobhraj lui ouvrait les portes d’auberges ou les confidences de jeunes routards naïfs. Avec lui, la notion même d’impunité criminelle prend un relief particulier : pendant des années, il échappe tour à tour à la police népalaise, à la police thaïlandaise et à l’insaisissable bureaucratie de l’Inde, ses complices Marie-Andrée Leclerc et Ajay Chowdhury jouant un rôle clé dans ces longues cavales et évasions. Il arrive même que certains objets personnels des victimes aient été retrouvés loin du théâtre du crime, ce qui rend la traque d’autant plus complexe.

Le profil psychocriminologique de Sobhraj fascine autant qu’il inquiète : il illustre à la fois la notion de tueur en série international et l’incroyable faculté à échapper à la justice, jusqu’à un procès retentissant devant la Cour suprême du Népal après de multiples épisodes de cavales et d’évasions (dont une rocambolesque en 1986 en Inde). Fait peu connu : certains enquêtes soulèvent l’influence de la psychopathie et d’une trajectoire de délinquance précoce dans la construction de personnages aussi insaisissables. Les spécialistes s’accordent pour dire que la quête de toute-puissance et l’illusion de contrôle ont été chez Sobhraj des moteurs aussi puissants que la pulsion de vol ou de meurtre utilitaire.

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Voici quelques pistes pour poursuivre l’étude du profil psychocriminologique de Charles Sobhraj. Notamment, son mariage avec Nihita Biswas alors qu’il était incarcéré à Katmandou en 2008 ajoute une dimension inattendue à sa personnalité, entre emprise, soif de reconnaissance et recherche du pouvoir même derrière les barreaux.

Reconstitution, suspense et casting : entre vérité et fiction

La mini-série Le Serpent séduit par la rigueur avec laquelle elle restitue l’atmosphère suffocante de l’Asie des seventies. Les décors de Bangkok, Katmandou (et jusqu’au fameux Golghar, théâtre discret de négociations et de fuites), ou New Delhi deviennent le terrain de jeu d’un face-à-face presque inévitable, amplifié par une réalisation où le suspense et l’approche journalistique rivalisent de précision. La série ose aussi évoquer le couloir de la mort en Thaïlande, là où les destins d’innocents comme de coupables se sont souvent joués sur un fil.

Tahar Rahim se métamorphose dans le rôle de Sobhraj ; à ses côtés, Jenna Coleman, Billy Howle, mais aussi Ellie Bamber ou encore Angela Knippenberg, Paul Siemons, et la très documentée Nadine Gires campent des personnages aux multiples facettes, écartelés entre peur, fascination et défiance. Parfois, certains acteurs confient avoir eu du mal à sortir de la tension psychologique des scènes-clés, tant la psychologie du Serpent met à mal les certitudes habituelles du jeu face caméra.

Les créateurs Tom Shankland et Hans Herbots ont misé sur le réalisme vestimentaire, la diversité des méthodes d’investigation et la richesse des témoignages recueillis – jusqu’à consulter d’anciens policiers népalais et quelques rescapés de la communauté backpacker, pour coller au plus près de la réalité. L’ensemble y gagne nettement en crédibilité, surpassant ce que l’on observe d’ordinaire dans le genre true crime, tout en défiant les codes d’une biographie télévisuelle classique. On pourrait presque croire, à certains moments, à une traversée documentaire, tant le souci du détail est poussé loin ; à tel point qu’il paraît difficile de dissocier la fiction du documentaire.

Interviews inédites du cast sur les coulisses du tournage accessibles en ligne. Les showrunners y reviennent sur la frontière parfois très fine entre empathie pour les victimes et fascination médiatique.

Notre avis

L’adaptation de l’histoire de Charles Sobhraj sur France 2 marque un tournant dans la représentation télévisuelle du « crime réel ». En s’appuyant sur un socle documentaire solide et un casting inspiré, Le Serpent conjugue tension et profondeur d’analyse, évitant le piège du sensationnalisme. À l’écran, la chaîne opère un délicat équilibre : respect du récit judiciaire, mais aussi capacité à montrer les ambiguïtés de la représentation médiatique du crime – un vrai défi, surtout à l’ère du binge-watching.

La production affiche un attachement distinct à la vérité historique, même si la narration s’autorise certaines touches romanesques pour mieux retenir l’attention. Le thriller ose aborder ce qui demeure sensible : la fascination du public pour de tels personnages, mais aussi un sentiment de malaise face à la capacité du mal à se rendre presque banal dans le quotidien de la communauté voyageuse.

Ce choix de mise en scène relance, sans détour, la question de la frontière entre fascination pour le crime et responsabilité éditoriale. Le spectateur se retrouve plongé dans une ambiance trouble, témoin des failles ayant permis à Sobhraj de passer entre les filets – appuyé parfois par l’insuffisance de moyens des polices locales ou par de subtiles maladresses judiciaires. Peut-on, au fond, parler de diffusion TV classique devant une telle œuvre, tant l’écho du réel bouscule la fiction ? La série pousse subtilement à réfléchir sur la façon dont l’image contribue à construire – ou déconstruire – le mythe criminel.

Le Serpent aujourd’hui : libération, retour en France et polémiques

Après plus de vingt ans passés derrière les murs de la prison Jagannath Dewal à Katmandou, Charles Sobhraj est libéré pour raisons médicales en décembre 2021. Cette sortie intervient dans le cadre d’une disposition de la justice népalaise prévoyant une remise de peine pour les détenus âgés et souffrants. La procédure fut d’autant plus suivie que la Cour suprême du Népal a statué dans un contexte très médiatisé, mettant en lumière l’état de santé fragile d’un détenu devenu une légende du crime. L’homme revient sur le sol français en décembre 2022, à 81 ans – une expulsion suivie de près par la presse de Doha à Paris.

Toujours disposé à défendre sa version des faits, Sobhraj annonce bientôt des actions judiciaires contre médias et producteurs (notamment BBC et Netflix), reprochant une représentation déformée de son histoire véritable. Par l’intermédiaire de son avocate, Isabelle Coutant-Peyre, il cible une vision jugée trop romancée, ce qui n’a pas manqué de relancer la discussion sur les limites de l’adaptation fictionnelle des crimes réels. Traces de cette crispation : ses interviews sporadiques, souvent relayées par l’AFP, ponctuent encore aujourd’hui le débat sur le droit à l’image et la mémoire des victimes.

Faut-il imposer une diffusion TV encore plus rigoureuse ? L’actualité met clairement en évidence la fine frontière entre la curiosité du public et la nécessité de respecter la vérité historique, dans un climat mouvant de polémiques et d’interrogation sur la mémoire des victimes. À noter aussi, la polémique sur l’accueil que lui réserve la justice française après son retour – justice à laquelle il a parfois cherché à se confronter, pour mieux alimenter le mythe de son invulnérabilité.

Consultez une veille d’actualités et communiqués officiels autour de Charles Sobhraj. Certains forums évoquent aussi la vie recluse de Sobhraj à Paris depuis sa sortie, entre prudence et provocation calculée.

Critiques, réception et impact sur le genre true crime

La mini-série a reçu un accueil teinté de fascination, mais aussi d’un certain malaise, tant la prestation de Tahar Rahim marque les esprits et le récit équilibre suspense, fidélité historique et analyse psychologique. L’immersion dans les *années 1970* et la réflexion sur la *représentation médiatique du crime* soulignent une volonté de dépasser le canevas classique du polar pour questionner ce qui attire tant la société contemporaine vers ces récits. Pour certains critiques, c’est la capacité de la fiction à pister le mécanisme de l’*impunité criminelle* et la question du culte de la personnalité qui fait la différence ici.**

Éléments salués par la critique :

  • Rigueur de la reconstitution historique et des ambiances géographiques (Bangkok, Katmandou, New Delhi, y compris l’évocation de lieux emblématiques comme le Golghar).

  • Jeu nuancé de Tahar Rahim, force du casting international, et justesse des personnages secondaires (notamment le duo Knippenberg/Angela).

  • Réflexion aboutie sur les zones d’ombre de la justice, la facilité de manipulation des personnes vulnérables, et les mécanismes de la médiatisation du true crime.

  • Suspense sobrement maîtrisé, récit en flashbacks et tension continue, avec pour toile de fond la fascination médiatique et le besoin de romancer le réel.

  • Construction d’une atmosphère anxiogène, fidèle aux réalités criminelles et à la frénésie de la mondialisation, où la criminalité itinérante semble trouver un terreau idéal.

Quelques points de débat :

  • Risque de romancer voire de banaliser la violence meurtrière, surtout à l’écran où l’impact émotionnel peut brouiller la gravité des actes.

  • Limites de l’engouement populaire pour les tueurs en série dans l’univers culturel, et la tentation d’oublier les victimes derrière le mythe du « Serpent ».

Rejoignez la discussion en ligne ou consultez les critiques de presse sur la série et son traitement du true crime : le débat sur la responsabilité médiatique n’en finit pas de rebondir, rappelant que chaque diffusion questionne la frontière ténue entre curiosité et complaisance.

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Ressources complémentaires : guides, analyses et perspectives

Pour prolonger l’exploration de l’affaire Sobhraj, différents supports permettent de décrypter ramifications judiciaires, logiques de psychopathie, et points de vue croisés sur ce dossier hors-norme, entre entretiens et documentation audiovisuelle. Parfois, le retour sur certains faits ou sur leur médiatisation a changé le regard porté sur l’ensemble du parcours de Sobhraj. La série a d’ailleurs inspiré de nombreux livres, podcasts et documentaires qui continuent d’alimenter le débat sur la construction des « serial killers » et la question de l’impunité criminelle.

Ressources recommandées :

Type de ressourceAccès et contenus proposés
Analyse psychocriminologiqueDossier complet signé par Emma Oliveira : motivations et mécanismes du crime
Entretiens exclusifsPodcast France Inter, interview d’anciens enquêteurs et victimes
Guide des épisodesSynopsis détaillés, générique, commentaires sur France 2 et Netflix
BibliographieSélection d’ouvrages majeurs : biographie de Sobhraj, documents HBO, essais de Florent Gatherias, ouvrages sur la criminalité itinérante
Replay et streamingAccès via France 2, Netflix, BBC One ; plateformes VOD
  • Guide détaillé des épisodes (la série compte 8 épisodes dans sa version originale de 2021, coproduite avec la BBC)

  • Analyses inédites d’experts psychocriminologues, dont Emma Oliveira

  • Podcasts et entretiens avec proches de l’enquête (y compris d’anciens backpackers et des témoins directs de l’affaire)

  • Sélection d’ouvrages, documentaires et guides bibliographiques (certains mentionnant l’évasion de Sobhraj, ses procédures judiciaires en Inde et au Népal, son mariage en prison, sans oublier sa libération exceptionnelle en 2022)

Place à des ressources d’analyses, des podcasts et guides bibliographiques pour explorer la série, comprendre la psychopathie mise en scène et éclairer l’affaire Sobhraj sous différents angles – parfois inattendus, voire à contre-courant des certitudes médiatisées.

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